CADRES à PARIS, ILS ONT CHANGé DE VIE POUR DEVENIR éLEVEURS DE PORCS EN CREUSE

Depuis près d’un an, Cathy Chau et Thierry Cognard élèvent des porcs « cul noir » à Saint-Dizier-les-Domaines, un petit village de la Creuse. Bien loin de leur ancien quotidien de cadres à Paris. Un changement de vie mûrement réfléchi. Ils racontent.

« Et on a décidé de faire le grand saut ! » Cathy Chau ne regrette pas, bien au contraire. Après vingt-cinq années de travail dans des bureaux parisiens, la dynamique quinquagénaire se retrouve aujourd’hui en Creuse à élever des porcs « cul noir » avec Thierry Cognard, son compagnon. Un changement de vie mûrement réfléchi. « On n’a pas fait ça sur un coup de tête ! On y pense depuis des années et la période Covid nous a permis de nous poser sereinement pour réfléchir à ce projet. On était moins la tête dans le guidon. »

Elle travaillait chez Safran, lui chez PSA. Depuis 2014, ils possèdent une maison dans la commune de Saint-Dizier-les-Domaines. Une habitation au fin fond de la campagne creusoise. « On a acheté ici car c’était moins cher, mais aussi parce qu’il y avait du terrain. Il y avait déjà cette idée de s’en servir plus tard pour faire de l’élevage, par exemple cinq ans avant la retraite. Finalement, ça a été plus tôt », sourit le néo-Creusois d’origine normande.

Il a toujours eu une passion pour les animaux avec, déjà, quelques poules lorsque le couple vivait en région parisienne. Petit élevage qui aurait pu devenir plus important en terres creusoises. Au départ, c’était l’idée. « Mais quand on a commencé à faire des calculs, c’était tout de suite plus compliqué d’en vivre. Ou alors il fallait un nombre de poules très conséquent. »

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Retour à l’école

Alors, quand plusieurs hectares de forêts ont été mis en vente près de leur propriété creusoise, Thierry et Cathy ont vu les planètes s’aligner et leur projet évoluer. « Donc, on a décidé de partir sur le cochon. C’est plus rentable avec des quantités raisonnables. Pour l’instant, on en a 105 sur une douzaine d’hectares. »

Ainsi, ils ont tout quitté à l’automne 2021 pour… retourner à l’école. Très consciencieux, les deux apprentis éleveurs ont suivi plusieurs formations pour apprendre le métier sur le terrain via des stages et un parcours en alternance. « J’étais plus vieux que les autres élèves donc je faisais facilement grimper la moyenne d’âge », plaisante l’ancien employé de PSA. Et c’est au détour d’une rencontre que le destin, ou la chance, a une nouvelle fois fait son œuvre : « Un éleveur m’a dit qu’il comptait arrêter et qu’il cherchait quelqu’un pour racheter son cheptel. On n’a pas beaucoup hésité. C’était une occasion en or. »

« Un environnement calme et à l’air libre »

Du jour au lendemain, le petit village de Saint-Dizier-les-Domaines a accueilli une centaine d’habitants à quatre pattes. Depuis, ces derniers sont quotidiennement choyés. Les heures ne se comptent pas. « Il n’y a que la nuit qui peut nous arrêter. Mais c’est un tout autre environnement de travail : calme et à l’air libre. » Cathy Chau confirme : « Déjà, il n’y a pas de bouchons ici ! Avant, je faisais deux heures et demie de route pour aller au travail. Alors que c’était pour aller dans des bureaux. »

Et cette installation en Creuse n’est pas passée inaperçue. « Au début, on pouvait nous prendre pour des zinzins ou des illuminés parisiens. Mais, rapidement, on a montré que notre projet était sérieux donc finalement il y a beaucoup de bienveillance dans le voisinage. »

Même constat du côté de leurs anciens collègues parisiens. « Ils nous demandaient où était la Creuse en se moquant gentiment. Maintenant, ils viennent nous voir et sont très heureux de découvrir le territoire. C’est un peu comme un safari pour eux. »

Une clientèle parisienne

Si le lien avec Paris a été conservé afin de maintenir des amitiés, il est également fort utile pour les affaires. En effet, la clientèle du Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun) « Les Petites Beybet » est, pour l’heure, essentiellement parisienne. « Nous avons gardé de précieux contacts et ce sont aussi des clients avec un fort pouvoir d’achat. »

Au menu : viande fraîche et charcuteries issues de ces porcs « cul noir ». « C’est une espèce de prestige qui peut se rapprocher des porcs basques. Et, pour la charcuterie, on peut la comparer au jambon pata negra espagnol. » Une qualité qui pourrait bien faire revenir le couple à Paris, du moins ponctuellement. « L’an prochain, nous participerons sans doute au Salon de l’agriculture ! » Comme de vrais Creusois qui « montent » à la capitale pour montrer la richesse de leur territoire.

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